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26 juin 2010

Le BUKUT ou la circonsision Diola

P1030696Diatite...Diatite...L'hivernage s'est approché à grand pas et les grosses chaleurs se sont installées, insupportables. A Ziguinchor, la vue des palmiers courbés par le vent n'est qu'un prémice de ce qui nous attend dans les prochains jours;
A Niomoune, les constructions des maisons sont terminées. Tout le monde s'affaire à régler les derniers détails en prévision de la grande cérémonie qu'est le Bukut, c'est à dire la circonsision. D'ailleurs, elle ne se déroulera pas le 25, le 26 ou le 27 juin, mais le 17 juillet. C'est bien à cette date fixée définitivement que nos futurs initiés pénètreront dans le Bois Sacré, vêtus de pagnes, ornés des multitudes de colliers en perles que nous, les femmes, leur ont confectionné pour l'occasion, pour n'en ressortir qu'un mois après, majestueux dans leurs boubous tous neufs, un bâton rempli de symbole au creux de la main (les Honouk), décorés par les mêmes perles reliées entre elles par nos soins.
En attendant, les journées défilent à une vitesse vertigineuse. Le délai supplémentaire octroyé par les anciens n'est pas superflu! Certains en profitent pour aller couper plus de bois en brousse (surtout les femmes), pendant que d'autres mobilisent les jeunes pour un travail des plus périlleux: grimper sur de hautes charpentes afin d'y fixer des ballots de paille coupés en brousse. Le résultat est magnifique: des murs en banco protégés par un toit en paille des plus solide, empêchant la moindre goutte de pluie de s'y infiltrer, paré pour les tornades. Quelques pures maisons traditionnelles Diola défient encore les toits d'aujourd'hui fait de tôle qui jalonnent l'île en guise de progrès...le signe d'une sorte de richesse...Paraît-il...
En fin de journée, après un dur labeur, le Bombolong résonne: c'est l'heure du Djibome, la danse traditionnelle d'initiation du Bukut (et non pas Bounouc comme l'écrient certains voileux de passage...)
Au sons des tam-tam, les jeunes filles et les mamans forment un cercle et soutiennent le rythme à l'aide de morceaux de branches de palmiers rogniers séchées, tenus dans chaque main, qu'elles frappent l'un contre l'autre. Cet excercice m'a valu des ampoules aux mains la première fois que j'y participai cinq heures durant!!!
Les anciens en tête, les futurs circonsis adultes et enfants défilent devant nous avant d'entamer leurs danses rituelles. Plus le soleil décline, plus les rythmes s'accélèrent, plus les participants sont nombreux. A la nuit tombée, seul un grand feu devant lequel un jeune garçon chauffe les peaux des tam-tam afin de les retendre, illumine la scène, faisant danser les ombres. Le chant des femmes m'emportent et j'en oublie la chaleur torride, humide du moment. Je me laisse entraîner dans une tradition qui s'ouvre à moi au fil du temps, malgré la douleur dans les pieds et les mains ressentie par l'effort que je dois fournir à encourager les danseurs, tout comme le font mes amies.
Cette tradition se perpétue et se répète tous les vingt ans (ou vingt cinq comme c'est le cas pour Niomoune). Elle est destinée à réaliser un passage de "l'homme naturel à l'homme culturel"(cf D.Gilbert). Plus clairement, ceux qui passent cette phase d'initiation, de circonsision au Bois Sacré, ne sont plus de simples hommes mais deviennent psychologiquement(et mystiquement!) de véritables hommes de savoir tant sur le plan de leur culture, leurs traditions que sur tout ce qui fait leur vie, tous livrés à la justice divine.
C'est un passage "grandiosement"primordial dans la vie d'un Diola. Pour cette raison, tous les Diolas de Niomoune ou issus de Niomoune qu'ils soient à Dakar, en Europe ou ailleurs, tiennent à passer au Bois Sacré, plus par tradition et croyance que par obligation. Anémistes ils naissent, anémistes ils demeurent!
De par ce fait, l'île qui compte en général 3500 habitants environs, va devoir accueillir le quadruple de sa population!!! Et nous nous devons de recevoir tous ces invités venus de toute part sur des pirogues journalières, affrêtées pour l'occasion.

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